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   "Tostaky" est disque d'or, ND est interviewé par J.C Panek et D.Salon, dans "L'indic" n°1, Février 92 

    Une électricité retrouvée pour un album qui bouleverse toutes les idées reçues sur Noir désir."Tostaky" est déjà disque d'or. Preuve qu'on les attendait pas seulement au tournant. On les attendait tout cours. "Soyons désinvoltes " mais ne laissons pas a coté ce groupe discret, lucide, acerbe, et si généreux.

 

A peine sortie, "Tostaky" est disque d'or. Ce succès, vous le devez à vous-même ou bien a la structure qui s'occupe de vous ?

 

Bertrand : "On essaie de déterminer dans quelle mesure nous sommes responsables de ce succès. Mais si on le devait qu'à ceux qui s'occupent de nous, tous ces gens seraient eux aussi disque d'or. Une maison de disque possède sa propre structure, sa hiérarchie, son appartenance ou son indépendance puisque Barclay appartient au groupe Polygram. Il faut savoir qu'ici les gens sont assis sur des sièges éjectables... et encore, j'ai l'impression que c'est une vraie équipe. C'est la folie des majors compagnie, ou il n'y a plus un seul interlocuteur mais une multiplicité. Pour "Tostaky", on a essentiellement travaillé avec de nouvelles têtes, des utilisatrices du système ça c'est clair ! Mais, qui je pense, n'ont pas que ça entre les oreilles. "

 

Donc grossièrement c'est positif pour vous d'être ici ?

 

Dans l'idéal, on a répété plusieurs fois qu'on aurait du être dans un système dit "indépendant" de par notre façon de fonctionner et de penser. De toute façon, nous avons réduit le plus possible notre rapport avec la maison de disque afin d'éviter de se frotter à tous les défauts qu'une major peut provoquer. S'il y a des gens a l'intérieur pour essayer de changer les choses, tant mieux !

 

Ou commence et ou s'arrête l'indépendance pour un groupe comme Noir Désir ?

 

L'indépendance artistique est totale. Concernant l'aspect financier, on a demandé à ce que le rapport entre ce que la structure encaisse et ce qu'on encaisse soit réduit. Toutes décisions doivent être prises en concertation. Rien ne peut sortir sans notre accord, c'est juridique. Pour cela nous avons du mener un combat. En ce moment, il n'y en a pas vraiment a mener mais ca peut revenir à tout moment.

 

Denis : Rien qu'au niveau de la promo, il y a des choses que l'on se refuse à faire. Tout ce qui nous paraît ne pas coller au groupe et qu'on n'a vraiment pas envie de faire. Quand on est entré chez Barclay , l'équipe était très spéciale et c'est qu'après qu'elle a changé. L'ancienne équipe , on peut quasiment la considérer comme des intrus qui forçaient sans cesse la porte. Mais toutes ces choses que l'on demande c'est toujours en terme d'indépendance , il faut que rien ne puisse être fait sans notre accord, Absolument rien !

 

Comment est ce que vous avez vécu ces multiples changements de personnes et de relations ?

 

On les vies encore ces changements. Les gens changent mais nous , on ne change pas .Il faut rester les plus forts .Il est certain que si on ne vendait pas de disques , ce serait beaucoup plus dur et moins facile a négocier. Sur notre contrat , on a des clauses de promo , enregistrements , qui nous laisse le temps nécessaire a faire ce que l'on a envie de faire. Pendant un an et demi , il n'y a rien eu et ils ne sont pas venus nous faire chier à la maison pour faire un disque. Ils auraient été bien reçus (rires)

 

Il y a eu six mois de silence , beaucoup de rumeurs ont circulé .Est-ce que vous avez la sensation d'avoir une responsabilité plus grande non seulement vis à vis des professionnels mais aussi et surtout vis à vis du public? 

 

Les gens ne vont tout de même pas nous dicter ce qu'ils attendent (rires)

 

Bertrand : Et puis comment veux-tu donner quelque chose de valable à des gens si ce que tu fais ne te satisfait pas d'abord ! Il faut que tu l'aimes avant de le faire aimer.

 

Denis : Avant tout , le disque , on le fait pour nous (rires).Pendant notre temps d'absence , on a fait l'effort de s'en foutre , il n'a que de cette façon que tu peux avoir le recul nécessaire pour te dire finalement qu'il faut y retourner .

 

Vous avez recommencé la scène depuis décembre . Quels ont été les retours ?

 

C'est carrément chaud. On s'est retrouvé dans des salles combles .Nous étions chauds et remontés pour affronter la scène mais à chaque fois , le public nous battait largement , il était beaucoup plus chaud que nous. Et impossible d'être froid avec un public pareil , notamment en Suisse ! (rires)

 

Dans l'esprit du grand public , Noir désir , c'est avant tout "aux sombres héros de l'amer" "Tostaky" le nouveau 45 tour est beaucoup plus électrique. Est-ce que ça réduit une certaine radicalisation de Noir Désir ?

 

Bertrand : Ca se durcit probablement oui .Ca la trahit ...mais sur scène ça a toujours été très électriques.

 

Serge : Il y a plein de facteurs qui interviennent sur ce fait .C'est d'abord le fait de faire un puis deux puis trois album , et de voir le groupe évoluer jusqu'à pouvoir se permettre de faire un album de "Tostaky". D'autre part , c'est travailler avec des gens compétent qui réussissent à sortir un son tel que tu le souhaitais. On a vraiment bossé avec des gens qui étaient capables de faire ça.

 

Ted Niceley , c'est quelqu'un que vous avez choisi ou il y avait une opportunité a saisir ?

 

Bertrand : On a choisit Ted Niceley .Si tu voyais sa tête ...en fait c'est à cause de sa tête (rires). Non c'est grâce au Fugazy et au Dirty hands. Ce sont eux qui nous ont dit qu'il serait judicieux de le rencontrer étant donné le travail qu'il avait fournit sur leur propre album. Mais on est pas forcement fan de tout ce qu'à fait Ted .Par contre on est allés en Angleterre non pas pour dire qu'on allait enregistrer dans un studio anglais mais parce que les gens avec qui on a travaillé dissonaient d'un studio là bas. D'ailleurs on a travaillé avec des américains et des français sur un matériel qui n'est pas spécifiquement anglais (rires).Ce qui nous a pas du tout influencer... la façon de percevoir la musique anglaise telle qu'elle est réalisée aujourd'hui nous a plutôt mis les glandes qu'autres choses....elle nous a même poussée à faire le contraire ! On se demande ce qu'ils font la bas , je ne sais pas... ils les ont muselés les gens qui mettent du cœur dans la musique... ils les ont mis en cage ou en prison ? Il faut un visa authentique , à la mode....l e fascisme évolutif !

 

Lorsque vous deveniez un groupe d'envergure , commercialement parlant , est ce que vous vous êtes dis à un moment que vous subissiez Noir Désir?

 

C'est un des éléments qui l'année dernière nous a un peu pousser à prendre du recul. A un moment un groupe se mécanise .Si tu prends conscience que la machine domine les personnes , mieux vaut savoir dire stop.

 

Denis : Il faut toujours en discuter , surtout a quatre. Il faut que la ligne directrice soit la même pour tout le monde. La ca n'a pas toujours été un cadeau , il faut vouloir faire les choses ensemble .

 

Bertrand : Les choses simples comme "Qu'est ce qu'on veut faire" ? Comment fait-on pour rester ensemble ? On ne se les répète pas tous les jours mais arrive un moment ou bizarrement , il faut néanmoins se poser le problème et essayer de le résoudre.

 

On pourrait presque comparer votre signature chez Barclay comme un véritable engagement politique car ca ressemble fort a l'entérisme ou comme tenter de faire bouger les choses de l'intérieur ?

 

Denis : Les vilains Trotskos ! (rires) A partir du moment ou tu te retrouves dans la structure d'une major , ou bien tu t'adaptes à cette structure ou tu essayes de rester toi-même. Quand on a signé chez Barclay, c'était équipe du constantin .Au niveau des idées , c'était le bonheur total , mais pares , ça s'est très vite dégradé car malheureusement , cette équipe était plus artistique que commerciale. L'époque ou le commercial a repris le pas , c'était lors de la sortie de "Veuillez rendre l'âme a qui elle appartient". Il y a eu un face à face pendant un bon moment .L'article qui était paru dans les inrock était dépassé quand c'est paru, équipe sur laquelle on tapait avait déjà changé. Les "nouveaux tout gentils" qui venaient d'arriver n'ont pas compris , ce qui leur arrivait .Ils étaient presque traumatisés.

 

Bertrand : Notre conduite nous explose parfois mais de toute façon , c'est ce qui nous mène et nous fait être.

 

Denis : Maintenant , ils commencent à nous connaître , ils savent qu'on fait les choses qu'on a envies de faire , a notre rythme ....Ils savent qu'il faut composer. Quand ca à été la guerre , on a été amenés à poser contractuellement ce qui était tacite avant. Il n'y a plus eu d'embrouilles et on n'a plus le droit aux conneries auxquelles on avait régulièrement droit auparavant .On se retrouve tout de même dans la logique des maisons de disques .L'album sort à peine et se retrouve illico au Top alors qu'il n'y a quasiment pas eu de promo.Ca nous fait plutôt marrer d'observer que d'autres dépenses des millions pour accéder au Top comme la maison de disque de Mathilda May dont la promo s'élève à 3,5 millions. Des vrais millions !

 

Noir Désir , c'est le pouvoir de dire non ?

 

Bertrand : On est en train de chercher à savoir dire oui à certains types d'initiatives dans lesquelles on peut rendre services.

 

Denis : Il faut que ce succès ne serve pas qu'au groupe .Un des facteurs qui a contribué à ce qu'on s'arrête il y a deux ans était la méfiance qu'on avait à l'égard de la maison de disques. La tournée se passait bien sur scène mais sur la route était un train d'enfer , assez baston .On est arrivé à faire la politique de la tortue , les journalistes nous tapaient dessus....on voulait rencontrer le moins de gens possibles .On en voulait à la terre entière et a la fin , et a la fin on a finit par nous en vouloir à nous-mêmes. Tu ne peux pas vivre comme Ca .Aujourd'hui , notre album démarre fort , une tournée est prévue , on peut s'arrêter la et dormir sur nos lauriers .Mais non ! Si on peut faire en sorte d'aider les gens qui vont tourner avec nous , afin de leur permettre d'ouvrir des portes , on réussit notre pari .S'il n'y a pas des groupes satellites autour de nous , de la Mano , des Négresses ou des Bouchers , c'est quoi la vie ? Entre sortir un disque de Noir Désir , monter une tournée et s'arrêter la , c'est ridicule.

 

Vous allez essayer de faire profiter , les autres de votre succès ?

 

Bertrand : C'est tout simplement de l'échange .Ca ne nous intéresse pas être tout seul et on trouve ca décalé d'observer qu'il y a tant de groupes de qualité qui n'arrivent pas à percer quand d'autres le font quasi naturellement .A ce niveau là , on accepte totalement le fait que l'on se servent de nous.

 

Concrètement , ca va se mettre en place comment ?

 

Denis : Faire admettre des premières parties , ca n'a pas été coton .Car les organisateurs locaux savent à l'avance que ca va être complet .Ils ne vont donc pas se casser les couilles à faire venir une première partie et les payer par ailleurs .Faut pas rêver !Les gens qui vont donc tourner avec nous , on se charge de les payer nous-mêmes. Admettons que dans six mois , on s'arrête pendant un ,deux , trois mois ...Je prends le pari que ces gens vont tourner dans des petites ou des moyennes salles.

 

Vous vous retrouvez finalement dans la situation dans laquelle vous étiez quand votre précédent album a rencontré le succès .Vous êtes disque d'or , vous entrez au top . Il y a là la logique qui veut qu'on aille plus loin .Vous vous retrouvez dans la même situation mais plus rapidement.

 

Bertrand : On a l'expérience pour nous !

 

Vous avez quand même conscience de maîtriser davantage les cartes que d'autres groupes ?

 

Il y a des choses qu'on a apprises et flairées. Et puis il y a le hasard qui fait bien les choses .Aujourd'hui , on pourrait se retrouver dans une situation moins heureuse .Avoir vendu 20 000 albums et être beaucoup moins à l'aise .Notre situation est privilégiée et tout ça , grâce à notre public .Et surtout pas grâce à le presse qui nous a tirés dessus. Ca nous a fait chier car on avait le sentiment que c'était injuste .Il fallait voir comment c'était fait , avec quel cynisme ils ont traité notre démarche ! Maintenant , ils va falloir qu'ils se méfient ….

 

Un petit coté revanchard ?

 

Non … c'est pas ça .On a dépassé ce stade-là ! On a plus ce complexe d'infériorité qu'on avait à l'époque ! Ce n'est pas non plus un complexe de supériorité. Nous sommes des gens et les gens , on devrait les respecter pour ce qu'ils sont et non pour leurs positions .Voilà notre discours d'irréductibles ! On sait très bien que notre position nous aide à acquérir un certain respect mais on sait aussi qu'on peut compter sur des proches qui nous apprécient pour ce que nous sommes.

 

Ca montre au moins que vous vous souciez de ce qu'on dit sur vous. C'est quelque chose qui compte pour vous ?

 

On fait quelque chose qu'on donne au public au sens large du terme donc obligatoirement tu écoutes ce qu'on te renvoie en bon ou en mauvais. Tu ne peux pas t'en cacher.

 

Est-ce préserver , c'est à dire rester authentique devient une priorité indispensable pour le groupe ?

 

Bertrand : Ca devrait pas être seulement la notre mais celle de tout le monde ! Comme tu nous le demandes à nous , on te répond oui mais ça ne nous intéresse pas de le faire seul. Dans n'importe quel domaine tu dois penser de cette façon ….

 

Est-ce que dans l'univers dans lequel vous évoluer vous vous sentez seul ?

 

Ce n'est pas tant qu'on se sente seuls mais on se sent pas aidés…par la structure et par les gens. On croise des groupes avec lesquels on s'entend bien mais à certain moment on sent un blocage , ils hésitent à aller plus loin , à se mettre au bout des choses. Nous , nous avons la chance d'avoir une façon de penser qui soit récompensée par ce qu'on arrive à vivre de ce qu'on fait. Mais il y a beaucoup de gens qui ont peur de ne pas y arriver. Il y a un systématisme même dans les attitudes qu'on pourrait défendre , celles qui tendent à dire " de toute façon tout est pourri , ce n'est pas la peine d'essayer ".Au lieu de se dire et de se convaincre que c'est pourri , il faut y aller !Il faut voir comme toi , tu peux vivre là-dedans et aller de l'avant mais bon c'est vrai que c'est pas facile , c'est fatigant. C'est pour cela qu'il est important de prendre des breaks de temps en temps et de relâcher tout.

La critique n'est pas mauvaise en soi à partir du moment où elle se justifie. Tous ces mecs qui appartiennent à la toile d'araignée médiatique ont réussi à rendre les gens dépendants. On se bat et on se battra toujours contre les chapelles et les milieux bien installés.

 

Est-ce qu'une attitude comme la votre sera viable s'il n'y avait pas le retour du public ?

 

Denis : Probablement non ! Un groupe comme des City Kids font ça depuis douze ans !

 

Bertrand : ce n'est pas forcement mon style de musique mais il y a un coté " vieux rock " dans ce qu'ils font et c'est fabuleux .L'émotion qu'ils donnent parfois est monstrueuse .Il y a des images de gens qui relèvent la tête et c'est sûrement ce qu'il y a de grand dans les City Kids … ils relèvent la tête quand même !

 

Un peu comme les gens de Black et Noir justement ….Comment expliquez-vous qu'ils n'aient pas tenté d'adopter une démarche similaire a la votre ?

 

On diabolise le système des multinationales même si on est dedans. Dans l'absolu , notre démarche s'apparenterait à celle des gens comme Black et Noir .Pourquoi nous ont ne fait pas comme eux ? Tout simplement parce ce n'est pas parti comme ça.

 

Denis : De toute façon pas la peine de vouloir diaboliser les majors , elles sont diaboliques au départ (rires)

 

Bertrand : Certains labels étaient trop fermés d'esprit …trop étriqués. Pas forcement Black and Noir ! A l'époque on ne rentrait peut-être pas forcement dans ce qu'ils faisaient mais avec les années on s'en sent de plus en plus proches. Ce sont ces gens là aussi qui nous donnent des choses …une certaine fierté, c'est primordial que des gens comme ça existent .Pour en revenir à ta question , je ne sais pas pourquoi , il faudrait leur demander à eux .Nous on a aussi vachement de chance parce que malgré tout Barclay c'est certainement ce qu'il y a de mieux , il faut le dire. Enfin dans les majors… (rires).Mais il fallait néanmoins qu'à un moment , ils sentent qu'à tout moment on pouvait se barrer !

 

Justement , est ce que vous avez déjà eu des propositions d'autres maisons de disques ?

 

Non , pas vraiment .On a jamais eu de contact avec des gens qui foutaient la pression pour en avoir. Là c'est probablement une image d'Epinal qui saute. En plus , ils nous connaissent dans ce milieu donc ils n'auraient pas tenté le coup car d'entrée ça aurait été 'Non' !

 

Vous parliez tout à l'heure de changer de système de l'intérieur. Est-ce que passer dans des émissions dites de grandes écoute ne serait pas une façon de le faire ?

 

On l'a fait et on l'a très mal vécu

 

Denis : On l'a fait car on pensait qu'il fallait le faire , on s'est rompu les reins mais on ne pense pas que ça est changé grand chose .

 

Bertrand : La pire des structures que l'on ait connues au-delà de notre maison de disques quand ça allait vraiment mal , c'est la structure médiatique. Quand tu vois ce que dégage certaines émissions TV , tu te dis que ce n'est pas possible être mêlés à ça. Ce n'est pas possible de faire quelque chose de bien là dedans à moins que la tranche du 20 heures ne soit pas réserver qu'aux seuls cons. Cette tranche sera-elle diabolisée jusqu'à la fin de la vie des hommes ? Est-ce que un 20 heures 30 se résumera toujours à de la merde ?Est-ce qu'il va falloir aller la prendre avec des baillonettes ? Aujourd'hui c'est trop pourri .Tant que c'est comme ça , on n'y va pas ! On n'a pas les moyens , ils sont trop forts !

 

J'ai appris que non seulement vous refusez de faire de 20h30 chez Foucault mais aussi les Black Sessions chez Bernard Lenoir ...

 

(Rires) Denis : Le contexte est différent. Au départ , on devait effectivement jouer chez Bernard Lenoir pour se faire plaisir mais Arnaud Vivant nous a littéralement cassés environ une semaine avant être dans la même émission. On a donc fait savoir à notre attaché de presse qu'on refusait d'y aller. A ce moment là, Bernard Lenoir s'est emballé , il a eu Bernard au téléphone pendant une heure en lui expliquant qu'il ne fallait pas se fâcher , que ça faisait partie du jeu .Mais quel jeu ? (rires) Il a ajouté que des groupes anglais avaient aussi mal pris les propos de Viviant mais que jamais ,ils n'avaient pour autant annulé pour autant leur prestation .Et bien maintenant , c'est fait ! Et puis au bout du compte , on n'avait pas plus du tout envie d'aller dans cette émission à la con. De toute façon , si on était passés huit jours avant , Viviant nous aurait casser après. On a bien fait.

 

Finalement vous êtes en train de prouver que le pouvoir n'est pas seulement du cote des médias et qu'un groupe a vraiment son mot à dire ?

 

Bertrand : Mais c'est le clé du système .C'est la peur absolue d'observer que les gens en France ont un réel pouvoir sur l'existence d'un groupe .Les inrockuptibles étaient intéressants à leur débuts mais aujourd'hui , tu te rends compte qu'ils ont chopé des œillères .Il faut arrêter de déconner ! Et puis nous, force est de constater que l'on s'entend mieux avec " les petits médias " que les gros. Bizarre, non ? C'est toujours le même combat .Il faut donner des contre poids à tous ces pouvoirs installés. La critique n'est pas mauvaise en soi à partir du moment où elle se justifie. On dit parfois que nous ne sommes pas frais mais tu as déjà observé une lueur de fraîcheur chez un journaliste bien installé. Nous on n'est vraiment pas de leur coté. Tous ces mecs qui appartiennent à la toile d'araignée médiatique ont réussi à rendre les gens dépendants .On se bat et on se battra toujours contre les chapelles et les milieux bien installés. On n 'appartiendra jamais à ce type de milieux. Selon des critères normaux , mes responsables marketing des maisons de disques arrivent soi-disant à déterminer le nombre de disques vendu après un passage télé , mais nous , nous ne fonctionnons pas selon des critères normaux. (rires)

 

Vous allez engager une tournée assez longue , allez vous continuer à tourner dans des petites salles où vous pouvez jouer à un mètre du public ?

 

Nous allons jouer dans des salles de configuration 1000 à 2000 personnes .La plus grande sera l'Olympia et le Zénith de Montpellier mais là c'est dans le cadre des Etats Généraux du Rock 93.Donc circonstances atténuantes (rires)

 

Mais à Metz , vous jouez au Galaxie qui est l'équivalent du Zénith ….

 

Ah bon , tu nous l'apprends ! (Surpris) Mais on ne peut pas se permettre non plus de jouer dans de trop petits clubs car à ce moment là , on est obligés de faire au moins trois dates d'affilées dans le même lieux et comme la tournée est déjà longue on ne peut pas l'envisager ainsi .On n'en sortirait pas indemne .Sur cette tournée la contenance était vraiment limite par rapport à ce que les organisateurs voulaient bien accepter: prix des places plafonnées etc. ..

 

Vous attendez quoi de cette tournée ?

 

Tourner c'est vivre une histoire. C'est un moment privilégié de la vie , un moment privilégié aussi avec notre public. Mais on n'a pas envie de se limiter qu'à ça sinon on s'enferme très vite dans la routine .On va chercher à faire autre chose de ce à quoi on est censé être destiné.

 

Vous savez que le système des clubs se portent plutôt mal ?

 

C'est vrai , ça sent la morfle ! On va tourner dans des salles moyennes .C'est vrai qu'on préférerait davantage bosser avec des petits organisateurs mais en France , on n'arrive même plus à savoir qui fait quoi , qui existe et qui a disparu. C'est très difficile voire ingérable .Les promoteurs avec qui on va bosser sur cette tournée ne seront pas monstrueux .Certes , il y en aura mais ils ne constitueront pas la grande majorité , heureusement pour nous et pour les gens qui se déplaceront ! Mais c'est vrai que peut déjà apparaître comme un compromis , je l'avoue. Une petite association , avec qui on voudrait vraiment travailler et avoir des rapports humains ne peut pas accueillir notre structure .Plus les gens sont pauvres et moins ils peuvent prendre des risques .Là , il y a un réel problème à résoudre mais on ne pourra pas s'y attaquer dès cette tournée .Cependant , on garde un souvenir inoubliable de la plupart des petits clubs dans lesquels on a déjà joué mais c'était vraiment le bordel .Comment veux-tu faire dans c'est cas là pour lutter contre le marché noir ? Tout le monde ne peut pas rentrer et là , on se fait du fric sur notre dos ! On peut vraiment l'éviter.

 

 

 

 

 

 

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